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Sicario, à la découverte de Juárez et de la complexité de l'homme

  • Coline Ouziel
  • 27 oct. 2015
  • 2 min de lecture


A première vue, on pourrait penser à un énième film policier sur les cartels, ou comment les Américains vont réussir à sauver le monde du fléau de la drogue : pour coincer un malfrat local, Kate, recrue du FBI, s'associe à un groupe d'intervention d'élite dont le but est de démanteler le cartel de Juárez.


C'est pourtant loin d'être le cas. Denis Villeneuve ne cherche pas à faire un film classique mais à montrer l'horreur mais aussi la complexité d'une situation réelle. Loin des clichés, le réalisateur nous invite à la découverte de Juárez, ville mexicaine frontalière des États­-Unis, de ses crimes quotidiens, ses policiers corrompus (certains passages, au départ assez déroutants parce qu'ils ne semblent pas liés au reste de l'action, nous montrent une famille mexicaine dont le père est lui-même agent). Il n'y a pas de scènes d'action avec des successions de plans très rapides. Denis Villeneuve choisit de tout nous montrer, avec lenteur, pour que rien ne nous soit épargné : les horreurs montrées à l'écran comme celles qu'on a ainsi le temps d'imaginer. Ainsi, la descente dans la ville mexicaine est sûrement l'une des séquences les plus fortes du film. Le réalisateur nous montre encore une fois, après Enemy et Prisoners, sa capacité à créer des scènes véritablement angoissantes. Cela empêche (presque) le film d'avoir des longueurs. La scène de fin notamment, filmée partiellement en caméra de vision nocturne, le prouve.


S'il ne s'agit pas d'un film manichéen, c'est surtout parce que Kate va vite se rendre compte que le groupe d'intervention qu'elle a rejoint ne respecte pas les règles du FBI. Les personnages constituent à la fois une des forces de Sicario ... et une de ses faiblesses. Ce film ne fait pas une division entre le bien et le mal : ce ne sont pas des héros qui attaquent les cartels, mais des hommes prêts à tout pour arriver à leurs fins, même à employer des méthodes aussi dures que celles des trafiquants. Tous les personnages ont leur part de mystère et surtout d'ambiguïté. Pourtant, ils semblent perdre de leur intérêt à mesure que l'intrigue progresse. Alejandro est sûrement, grâce à l'excellent Benicio del Toro, le protagoniste le plus fascinant, toujours calme et violent. Pourtant, ce membre de l'intervention d'élite est moins captivant lorsque son histoire est révélée, il devient alors plus banal. Kate, interprétée par Emily Blunt, est intéressante dans la mesure où c'est par son regard que le film nous est montré. Nous découvrons tous les secrets en même temps qu'elle. Pourtant, elle reste dans une forme d'incertitude qui finit par agacer (où serait­-ce Emily Blunt qui est un peu énervante dans son interprétation...?)


Ce film est donc à voir, pour son originalité, son regard clair sur une situation complexe, pour Benicio Del Toro (bien sûr), pour la capacité de Denis Villeneuve à provoquer le frisson chez son spectateur avec un rien... Ce réalisateur semble bien parti pour avoir une belle carrière, et on a déjà hâte de découvrir son prochain film, Story Of Your Life.


Sicario, de Denis Villeneuve, sorti le 17 septembre 2015, actuellement au cinéma.


 
 
 

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