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Dix pour cent : un concurrent sérieux face aux séries américaines


En général, j'avoue ne pas regarder beaucoup de séries françaises. En fait, et je ne pense pas me tromper sur ce point, elles sont pour beaucoup de téléspectateurs considérées comme moins intéressantes, recherchées et même abouties que leurs soeurs américaines. Dix pour cent est pourtant l'exemple d'une série française qui marche très bien, autant du point de vue de l'audience que de son histoire, et ce sans tenter de copier les séries américaines.


Le topo est donc le suivant : durant six épisodes d'environ 50 minutes, on suit les péripéties de quatre agents de L'agence Samuel Kerr (LSK), ainsi que de leurs assistants.



Le monde du cinéma français au coeur de la série


Ce qui séduit d'abord, c'est justement que l'on découvre l'envers d'un décor qui fait rêver: le cinéma, et plus particulièrement le monde des acteurs. Dans chaque épisode, un ou deux comédiens célèbres jouent leur propre rôle, à chaque fois avec beaucoup d’auto­dérision. A titre personnel, c'est le caméo de Cécile de France qui m'a le plus plu, mais chaque histoire était amusante et intéressante. Si ce ne sont pas des histoires vraies, le réalisme est bien un des points forts de la série (la plupart des intrigues liées à l'agence sont d'ailleurs inspirées de la vie de Dominique Besnehard, l'homme à l'origine du projet et ancien agent). La série rend bien compte de la difficulté du milieu, entre les caprices de star, les mésententes, le travail épuisant que demande ces métiers, et bien sûr la difficulté d'y faire sa place. C'est déjà en ceci que la série s'éloigne des séries américaines, qui auraient peut-­être plus insisté sur le côté paillettes, sexe et drogues du monde du cinéma.



La révélation Camille Cottin


Ce réalisme est bien sûr permis par les performances des acteurs. Camille Cottin (la "connasse" de Canal +) m'a bluffée, évitant les clichés dans lesquels elle aurait pu facilement tomber avec ce rôle d'agent acharné / grande gueule / homosexuelle accumulant les coups d'un soir. Thibault de Montalembert et Grégory Montel (Matthias et Gabriel, les deux autres grandes figures de LSK) sont aussi très bons. La preuve, ces trois têtes d'affiche arrivent à ne pas se faire voler la vedette par les guest­stars. J'ai en revanche été moins convaincue par Fanny Sidney dans le rôle de Camille, une provinciale qui veut percer dans le monde du cinéma, que j'ai trouvé trop effacée et monotone dans son jeu, au point de rendre ce personnage un peu fade. A l'opposé, j'ai bien aimé l'assistant maniéré de Gabriel, Hervé, qui sert surtout au côté humoristique de la série.



Un mélange entre vie privée et vie professionnelle


Les histoires personnelles nous permettent de nous attacher à tous les personnages. Ces intrigues sont sûrement moins originales que celles ayant trait à l'agence même, puisqu'il s'agit de thèmes déjà beaucoup vus dans les séries et films (français notamment) : l'acceptation d'un père, la peur de s'engager... Cependant, l'alternance entre histoires de la vie privée et histoires de la vie professionnelle a vraiment été bien réussie par les scénaristes, ce qui fait que ces intrigues, loin de nous ennuyer, s'insèrent parfaitement dans les épisodes. Je trouve tout de même que certaines scènes tombent un peu à plat, dans un style et un humour très français (le "rap" de Gabriel, les jeux de mots "frotte" et "sotte" de Camille, ou encore certains longs discours que n'importe quel film ou série française qui se veut un peu intellectuel semble forcément devoir sortir).


Si, pour moi, les gros atouts de cette série restent le scénario et les acteurs (ce qui est déjà énorme), il serait dommage de ne pas évoquer les trois réalisateurs, Cédric Klapisch, Antoine Garceau et Lola Doillon. Le fait de changer ainsi de metteur en scène donne à mon avis une certaine fraîcheur à la série. Mention spéciale à la fête autour de la piscine de Don Juan, que vous découvrirez après avoir dévoré les cinq premiers épisodes. Et peut-­être qu'ensuite, comme moi, vous accorderez votre chance à d'autres séries françaises (entre la fin de Walking Dead et le début de Game of Thrones, par exemple...).


Dix pour cent, série créée par Fanny Herrero d'après une idée originale de Dominique Besnehard, Michel Vereecken et Julien Messemackers, et diffusée depuis le 14 octobre 2015 sur France 2, actuellement disponible en Replay.

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