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Démons, au théâtre de Belleville


© Pauline Le Goff

Buvons un verre avec des monstres…


Le public s’installe. Un homme veut s’assoir. Il n’y a plus de place. Soudain, le public s’arrête de parler : l’homme reste trop longtemps sur scène pour être un spectateur. La pièce commence.


Lucrèce et Antonin sont en couple depuis neuf ans. Aujourd’hui, ils ne se supportent plus, ils voudraient se quitter, mais n’en n’ont pas la force. Ou alors ils s’aiment. Ne pouvant plus être confrontés seul à seul, ils invitent des gens, des voisins. Nous.


Le décor est sobre, quelques vêtements, des meubles pour constituer un salon. La simplicité du décor renforce la proximité du public avec les personnages. Déjà proches d’eux physiquement dans la petite salle du théâtre de Belleville, Lucrèce et Antonin nous forcent à pénétrer dans leur intimité. Les deux personnages nous interpellent, nous invitent à boire un verre, nous posent des questions sur nos vies, nos relations amoureuses. Est-elle aussi dure que la leur ? Comment est-ce possible de tenir aussi longtemps à deux sans finalement s’entraîner dans la destruction ? Le couple se déchirent par des répliques cinglantes, cyniques et parfois si cruelles qu’elles nous font rire. Ils se meuvent partout dans l’espace pour se rencontrer, danser ou fuir. Pour ne pas couler, l’un s’appuie sur l’autre. Lucrèce et Antonin n’arrivent plus à se parler. Ils s’adressent désespérément à nous…


Mis en danger, nous quittons notre rôle de spectateur confortablement bien assis. Les yeux du couple croisent nos regards constamment.



Des démons qui nous ressemblent


Démons, la pièce de Lars Noren, écrivain suédois contemporain, librement adaptée par Lorraine de Sagazan est une claque. Une allumette qui nous brûle à force de la tenir entre les doigts. Car Démons est un miroir qu’on est forcé de contempler. Assis face à face, le public ne peut que se voir.


Grâce au jeu brillant des deux acteurs, Lucrèce Carmillac et Antonin Meyer, les personnages sont criants de vérité, la nôtre, celle de la vie en couple. C’est bien la volonté de Lorraine de Sagazan : « explorer le réel à travers la fiction ». D’ailleurs, les personnages portent le même nom que les acteurs, troublant encore une fois cette frontière entre spectateurs et comédiens, fiction et réalité.


Les échanges avec le public favorisent l’improvisation. La pièce se transforme selon les réponses. Elle n’est donc jamais la même. L’histoire se déroule cependant, dans un tourbillon de pleurs, de cris, de rires.


Bref, courez au Théâtre de Belleville, Lucrèce et Antonin vous y invitent jusqu’au 22 novembre !


Démons, mis en scène par Lorraine de Sagazan au Théâtre de Belleville, jusqu'au 22 novembre 2015. Tarif étudiant : 10 euros



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