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"Changeons le système, pas le climat" : Retour sur le Village mondial des alternatives des


Crédit : reporterre.net


C’est dans une joie effervescente et un multiculturalisme haut en couleur que le village mondial des alternatives s’est déroulé, du 05 au 06 Décembre, à Montreuil. En effet, ces 15 prochaines années vont voir le dernier acte de la bataille pour le re-réglage du climat. Et dans cette pièce de théâtre, ce sont malheureusement les négociateurs politiques de la Cop, ainsi que les multinationales complices qui éblouissent par leur jeu d’acteur. C’est en réaction à cette oculte tartufferie que le sommet citoyen a pris place à Montreuil, rassemblant près de 30 000 visiteurs, allant du badaud curieux à l’activiste convaincu bien heureux de trouver autant de confrères au mètre carré.


A grand renfort de slogans « Changeons le système, pas le climat », omniprésents sur le dos des bénévoles ce week end, et toujours accompagnés de ses traductions en quelques autres langues, le sommet a un message clair par la concision, déterminé par l’impératif, fédérateur par la première personne du pluriel et universel par la pluralité des traductions. Dans le viseur : les responsable du déreglement climatique, les oppresseurs des alternatives de développement durable, les lobbies financiers, et historiques … C’est finalement face à cette histoire souillée que se dresse le sommet citoyen, l’histoire aveugle, sourde et muette, l’histoire autiste et égoiste qui s’est enracinée et a stabilisé sa dynamique, dynamique de l’oppression lente et inexorable de ce qui n’a pas d’utilité à court terme, de ce qui ne relève pas du froid pragmatisme qui congèle dans l’œuf le chaleureux embryon de la générosité et de l’harmonie naturelle.


Mais la dimension contestatrice inhérente au sommet n’est pas creuse, et c’est en fait un modèle de table rase, de renaissance par la nature, que proposent les exposants. Contestation oui, mais fertile, génératrice d’idées et stimulatrice de renouveau. Toutes les initiatives convergent ainsi vers un même dessein : viabiliser socio-écologiquement (avec le temps ces mots sont de moins en moins dissociables) l’espèce humaine. Ce par le développement de l’agriculture paysanne et de circuits courts, par la construction de toilettes sèches, par la consommation responsable, par des restructurations de l’aide sociale au niveau de la ville et basée sur la mobilisation et la mutualisation, par la finance éthique, par la nécessaire reconversion sociale et écologique des entreprises : c’est la prise de conscience pro-active que le sommet citoyen veut provoquer, et pour ce faire, il l’exhibe à chaque coin de stands en déployant de nombreuses solutions. Or, si la mise en pratique généralisée semble difficile voir insurmontable pour certains, ou lointaine pour d’autres, considérer que nous n’avons pas le luxe du choix constitue peut être notre salut, à moins que la superficielle torpeur qui brouille nos sens (à commencer par le bon sens, en passant par la mémoire et la déduction), que le nuage empoisonné qui étouffe notre éthique bonne à amputer, à moins que cela ne nous satisfasse, assis sur un trône aussi poisseux qu’aliénant, imposant une flegme impassible aux allures de coma artificiel (le gavage-formatage, l’élevage intensif et extensif d’humains, le consumérisme patent ayant selon certains chercheurs peut-être une responsabilité dans cela …).

Crédit : Patrick Viveret


Dès lors, c’est en affirmant haut et fort que la solution ne viendra ni entièrement d'en haut, ni entièrement d'en bas, mais de tous les niveaux à la fois (individuel, collectif, territorial, national et global) que le Sommet persiste à faire entendre raison, une raison humanisée. Alors oui cela a des allures de parti politique, car ceux-là emprunte à la pureté et à l’idéalisme leur parure, mais ici, c’est différent. Ici discréditer ce Sommet en l’accablant de futilité, de légereté, d’idéalisme naif, ça n’a pas de sens, et cela est tout aussi stupide que de critiquer l’altruisme de quelqu’un parce qu’il ne nous revient pas. En s’intéressant aux questions que soulève le Sommet et les associations de la Coordination européenne des Alternatiba, on ne peut que constater que ce n’est que vers l’intérêt le plus éminement public qu’elles tendent, et ce dans l’assurance que l’essence de l’humanité (pas celle de Total) est bien réelle, avec la solidarité comme terreau, arrosée d’espoir enthousiaste et ethousiasmant.


Et cette enthousiasme, je ne l’invente pas, l’atmosphère en était composé ce week-end, c’était le coagulant qui rendait la synergie palpable. C’est avec bonne humeur et bon humour que les bénévoles ont travaillés dès 8 heures du matin à Montreuil, une joyeuse symbiose qui laisse présager une humanité en mieux. Réellement, l’équipe des bénévoles, son organisation, était une représentation de ce que la solidarité est pour le Sommet, et une mise en pratique immédiate de son efficacité. Cottoyant cette complicité de fait, les basses mugissantes de la sono parviennent jusqu’à la cuisine des bénévoles. Le Dub fédère, et bien que monotone pour certains, il traduit ici cette atmosphère sereine et chaleureuse que l’électro a envié au reggae. Oui, je l’affirme avec l’apparat de la niaiserie mais l’assurance d’un converti : la joie (attribuée à l’inédite occurrence du rassemblement autant que par la satisfaction dans recueillir les fruits sur les visages des visiteurs) et la musique sont des énergies renouvellables. Et c’est sur ce fond que la parade a fait son petit bonhomme de chemin, véritable melting-pot artistique qui procède dans un joyeux désordre qui fait sens, il suffit d’y croire. Il suffit de croire que si le socle que constitue la liberté artistique peut soutenir un collectif breton, un groupe de danseur au ralenti, une pièce de théâtre experimentale mettant les éléments en scène, une fanfare aux solos généreux, … alors oui, ce socle peut aussi être celui sur lequel bâtir notre société. Idéalistement votre.


Crédit : reporterre.net


Enfin et pour l’anecdote (non des moindres), dimanche midi a eu lieu la remise des chaises, chaises subtilisées (légalement) aux sièges de banques de toutes la France (186 sièges), remises symboliquement à des dirigeants d’ONG pour discuter et débattre à l’échelle plus humaine du Sommet citoyen. Fort en symbolique, s’est ensuivit un discours d’un représentant d’Alternatiba, de la présidente de l’association Attac France et d’une représentante d’une association américaine chargée d’appeler tous les pays à adopter ce mode de contestation non-violent, déjà très répandu en France et dans certaines villes d’Europe.


Alors de deux choses l’une, j’invite mon lecteur à aller approfondir les questions et les réponses que je n’ai fait qu’effleurer, ainsi qu’à aller voir dans le détail ce qu’est la Coordination européenne des Alternatiba, Attac et toutes ces belles initiatives. Ensuite, je le rappelle :


« Ne nous attardons pas au spectacle de la contestation, mais passons à la contestation du spectacle. »

Slogan de mai 68




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